La Fiac, comme toute
exposition d'art contemporain qui se respecte, ouvre volontiers ses stands aux
espèces à moitié humaines. Il ne faudra donc pas s'étonner, au détour d'une
allée, de croiser une cohorte de géants, de gnomes, d'elfes, de vampires et de
sylphides. Nourris de récits mythologiques on de spéculations sur le
transhumanisme, les artistes engendrent des créatures hybrides, mettant ainsi
en crise le modèle normé de l'identité. Représentée par Natalie Seroussi,
Hannah Höch concevait déjà dans ses collages d'avant-guerre des silhouettes
ambivalentes, à tête de statues primitives mais juchées sur talons hauts.
Aujourd'hui, c'est Vidya Gastaldon qui fait apparaître, dans de vieilles toiles
récupérées dans des brocantes, des figures bonhommes de fantômes. On serait prêt
à parier notre santé mentale que ceux-lå sont de mèche avec les visages
métalliques et chiffonnés de Matthew Monahan (galerie Anton Kern). Si ce n’est
avec eux, alors c'est avec les crânes en résine colorée et bourrée de mégots,
réalisés par Alina Szapocznikow, qu'ils entretiennent des liens secrets
(galerie Loevenbruck). Ou bien avec cette tête coupée, dents saillantes et
crispées qu'Aneta Grzeszykowska forme dans une simple boule de coton peinte
(galerie Raster). Quoi qu'il en soit, l'armée des ombres ne manque pas de
renforts. Un des héros de ce néogothisme, Damien Hirst, est présent dans cette
foire aux atrocités, se livrant chez White Cube à «l'anatomie d'un ange». Soit
la statue d’un ange gracieux mais ouvert de part en part, de manière à ce que
sa chair et ses organes soient visibles. On croyait ces créatures célestes
faites d'une autre étoffe, mais non. Ayant perdu tout espoir de salut, on se
livrera corps et âme à ces bras vermoulus et ridés, sculptés dans l'argile par
Judith Hopfet qui sortent du mur du stand de la galerie Kaufmann Repetto pour,
dirait-on, chercher à agripper le chaland.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire