BEAU ART MAGAZINE, nov 2016, Les montres fascinent plus que jamais.



La Fiac, comme toute exposition d'art contemporain qui se respecte, ouvre volontiers ses stands aux espèces à moitié humaines. Il ne faudra donc pas s'étonner, au détour d'une allée, de croiser une cohorte de géants, de gnomes, d'elfes, de vampires et de sylphides. Nourris de récits mythologiques on de spéculations sur le transhumanisme, les artistes engendrent des créatures hybrides, mettant ainsi en crise le modèle normé de l'identité. Représentée par Natalie Seroussi, Hannah Höch concevait déjà dans ses collages d'avant-guerre des silhouettes ambivalentes, à tête de statues primitives mais juchées sur talons hauts. Aujourd'hui, c'est Vidya Gastaldon qui fait apparaître, dans de vieilles toiles récupérées dans des brocantes, des figures bonhommes de fantômes. On serait prêt à parier notre santé mentale que ceux-lå sont de mèche avec les visages métalliques et chiffonnés de Matthew Monahan (galerie Anton Kern). Si ce n’est avec eux, alors c'est avec les crânes en résine colorée et bourrée de mégots, réalisés par Alina Szapocznikow, qu'ils entretiennent des liens secrets (galerie Loevenbruck). Ou bien avec cette tête coupée, dents saillantes et crispées qu'Aneta Grzeszykowska forme dans une simple boule de coton peinte (galerie Raster). Quoi qu'il en soit, l'armée des ombres ne manque pas de renforts. Un des héros de ce néogothisme, Damien Hirst, est présent dans cette foire aux atrocités, se livrant chez White Cube à «l'anatomie d'un ange». Soit la statue d’un ange gracieux mais ouvert de part en part, de manière à ce que sa chair et ses organes soient visibles. On croyait ces créatures célestes faites d'une autre étoffe, mais non. Ayant perdu tout espoir de salut, on se livrera corps et âme à ces bras vermoulus et ridés, sculptés dans l'argile par Judith Hopfet qui sortent du mur du stand de la galerie Kaufmann Repetto pour, dirait-on, chercher à agripper le chaland.

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