« Le vieux monde se meurt, le nouveau
tarde à apparaître et dans ce clair-obscur, surgissent les monstres
» : le théoricien communiste italien Antonio Gramsi écrivait cela
entre deux guerres mondiales, au XX siècle. Gérard Larguier nous a
adressé cette citation la semaine dernière, depuis le presbytère
meusien où il a élu domicile. Comme nous, ce peintre estime que
nous vivons toujours, ici et maintenant, dans l'entre-deux. Ils
s'incrustent les monstres, ils s'enracinent, les bougres ! Pour
preuve: les pages d'Artension en débordent.
Et si 'on se rassure en pensant que le
monstre c'est toujours l'autre... Que dire de cette beauté qui
devient angoisse lorsque, dans la salle de bains, l'on voit l'ennemi
dans la glace
Affreux ? Pas si sûr: plastiquement «
le beau est toujours bizarre» (C. Baudelaire). La beauté «
convulsive » (A. Breton) nous enthousiasme. Et les « oubliés de
Dieu » (M. Monestier) nous touchent. Minotaures ou sirènes, les
figures mythiques fondatrices de toutes les civilisations en
attestent: avoir recours aux monstres enrichit infiniment nos
existences.
Entrez donc ici, gens et œuvres
étranges, avec vos terribles cortèges de novembre, vos masques et
vos crécelles. Ouh! Ouh amis Halloweeniens En attendant les lutins
du Père Noël et les géants du carnaval, dansons avec les monstres
qui affichent leurs couleurs. Combattons la perversion des esprits en
célébrant la subversion des formes.
Patrick Le Fur et Françoise Monnin
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire